Je voudrais tant arrêter ce temps


Je voudrais tant arrêter ce temps qui court

D’un bout à l’autre de la planète sans jamais avoir de cesse

Ce fichu temps qui va plus vite que le vent, sans laisser d’adresse

Et qui nous transporte en un rien de temps au point de non-retour


Je voudrais tant arrêter ce temps qui entre mes doigts file

Pouvoir pour un court instant le retenir avant qu’il ne se défile

Et ainsi prendre le temps de me poser sur mon nuage blanc

Pour admirer les plus beaux instants, et de ma vie faire le bilan


Je voudrais tant arrêter ce temps que le clepsydre se plait à mesurer

Pour me montrer ce qu’il me reste de temps, et ainsi m’assurer

Que du haut de son arrogance, il daigne me laisser toute latitude

Pour décider de ma destiné, et réaliser enfin mes rêves en toute quiétude


Je voudrais tant arrêter ce temps qui m’éloigne chaque jour un peu plus

De ces instants fragiles, figés sur un vieux négatif argentique

Retraçant en quelques clichés, l’épopée fantastique

De l’insouciance juvénile, âge d’or aux têtes blondes chevelues


Je voudrais tant arrêter ce temps, et prendre le temps

D’aimer aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain

Aimer la vie tout simplement au présent, sans penser au lendemain

Et vivre encore ma relative jeunesse sans aucun contretemps


Je ne demande pas grand-chose au temps juste un geste d’indulgence

Je sollicite de sa bienveillance qu’il m’honore de sa présence

Et je pourrai ainsi mettre à profit, tout ou partie de lui-même

Pour dévoiler tous mes sentiments et les décrire avec les mots que j’aime


Jean-Marc

TU SERAS UN HOMME MON FILS......(Rudyard KIPLING


Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir
Si tu peux être amant sans être fou d'amour
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour
Pourtant lutter et te défendre.

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-mème d'un mot
Si tu peux rester digne en étant populaire
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu'aucun d'eux ne soit tout pour toi.

Si tu sais méditer, observer et connaitre
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Réver, mais sans laisser ton rève être ton maître
Penser sans n'être qu'un penseur
Si tu peux être dur sans jamais être en rage
Si tu peux être brave et jamais imprudent
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant.

Si tu peux rencontrer Triomphe aprés Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

Le dernier rendez-vous de Rosemonde GERARD (je t'aime aujourd'hui plus qu'hier.........)


Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs
,Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.
Sur le banc familier, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer;
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant souvent par un baiser.
Combien de fois jadis j'ai pu dire : "Je t'aime!"
Alors, avec grand soin, nous le recompterons.
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même
De petits riens exquis dont nous radoterons.
Un rayon descendra, d'une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser,
Quand, sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.
Et, comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain
Qu'importeront alors les rides du visage,
Si les mêmes rosiers parfument le chemin?
Songe à tous les printemps qui dans nos coeurs s'entassent
.Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens ;
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main,
Car, vois-tu, chaque jour je t'aime davantage
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain!
En ce cher amour qui passe comme un rêve
Je veux tout conserver dans le fond de mon coeur,
Retenir, s'il se peut, l'impression trop brève,
Pour le ressavourer plus tard avec lenteur.
J'enfouis tout ce qui vient de lui comme un avare
Thésaurisant avec ardeur pour mes vieux jours.
Je serais riche alors d'une richesse rare
,J'aurais gardé tout l'or de mes jeunes amours,
Ainsi de ce passé de bonheur qui s'achève
Ma mémoire parfois me rendra la douceur ;
Car de ce cher amour qui passe comme un rêve
J'aurais tout conservé dans le fond de mon coeur.
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore aux jours heureux d'antan,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et tu me parleras d'amour en chevrotant
.Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec des yeux remplis des pleurs de nos vingt ans.
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.
Rosemonde Gerard.

LE CANCRE (J.PREVERT)


Le cancre

Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.

Jacques Prevert

HAMLET (Extrait) de William SHAKESPEARE

" Être ou ne pas être, c'est là la question. Y a-t-il plus de noblesse d'âme à subir la fronde et les flèches de la fortune outrageante, ou bien à s'armer contre une mer de douleurs et à l'arrêter par une révolte? Mourir... dormir, rien de plus;... et dire que par ce sommeil nous mettons fin aux maux du coeur et aux mille tortures naturelles qui sont le legs de la chair: c'est là un dénouement qu'on doit souhaiter avec ferveur. Mourir... dormir, dormir ! peut-être rêver! Oui, là est l'embarras. Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort, quand nous sommes débarrassés de l'étreinte de cette vie ?
Voilà qui doit nous arrêter. C'est cette réflexion-là qui nous vaut la calamité d'une si longue existence. Qui, en effet,
voudrait supporter les flagellations et les dédains du monde, l'injure de l'oppresseur, l'humiliation de la pauvreté, les angoisses de l'amour méprisé, les lenteurs de la loi, l'insolence du pouvoir, et les rebuffades que le mérite résigné reçoit d'hommes indignes, s'il pouvait en être quitte avec un simple poinçon?

Qui voudrait porter ces fardeaux, grogner et suer sous une vie accablante, si la crainte de quelque chose après la mort, de cette région inexplorée, d'où nul voyageur ne revient, ne troublait la volonté, et ne nous faisait supporter les maux que nous avons par peur de nous lancer dans ceux que nous ne connaissons pas? Ainsi, la conscience fait de nous tous des lâches; ainsi les couleurs natives de la résolution blêmissent sous les pâles reflets de la pensée; ainsi les entreprises les plus énergiques et les plus importantes se détournent de leur cours, à cette idée, et perdent le nom d'action... Doucement, maintenant ! Voici la belle Ophélia... Nymphe, dans tes oraisons, souviens-toi de tous mes péchés."

J'aimerais

J'aimerais être le vent

Pour survoler la terre
J'aimerais être la terre
Pour recevoir le germe des paysans
J'aimerais être le soleil
Pour réchauffer les paysans
J'aimerais être paysan
Pour être chauffé par le soleil
J'aimerais être eau, source de vie
Pour couler dans les vallées et dans les champs
J'aimerais être ces champs
Pour recevoir la vie
J'aimerais être un rossignol
Pour chanter jusqu'au zénith
J'aimerais être au zénith
Pour voir de haut le rossignol chanter
J'aimerais être tout ce que l'on est pas
J'aimerais que tu me dises que je suis tout
Pour cela je te prendrais dans mes bras
J'écouterais tes mots si doux
J'aimerais, je désirerais aimer une fée
Qui me fasse oublier que je ne puis pas
Etre tout ce dont j'aimerais

Jean-Marc





ETRE JEUNE
(Général Mc ARTHUR)

La jeunesse n'est pas une période de la vie

Elle est un état d'esprit, un effet de la volonté,
Une qualité de l'imagination, une intensité émotive,
Une victoire du courage sur la timidité,
Du goût de l'aventure sur l'amour du confort.

On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain
nombre d'années,
On devient vieux parce qu'on déserte son idéal.
Les années rident la peau
Renoncer à son idéal ruine l'âme.
Préoccupations, doutes, craintes et désespoirs,
sont les ennemis qui, lentement, nous font pencher
vers la terre et devenir poussière avant la mort.

Jeune est celui qui s'étonne et s'émerveille...
Il demande comme l'enfant insatiable : et après ?
Il défie les événements et trouve de la joie au feu de la vie.
Vous êtes aussi Jeune que votre Foi.
Aussi Vieux que votre Doute.
Aussi Jeune que votre Confiance en vous-même.
Aussi Jeune que votre Espoir,
Aussi Vieux que votre Abattement.

Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif.
Réceptif à ce qui est Beau, Bon, Grand ; réceptif
aux messages de la nature, de l'homme, de l'infini.
Si un jour votre coeur allait être mordu par
le pessimisme et rongé par le cynisme,
puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.

D'après le Général Mac Arthur (1945)